Gabrielle E. Grimwald. Une chrysalide ...

Un crayon à la bouche, la pauvre fille s'arrachait les cheveux, inscrite depuis peu à des cours du soir, on lui avait donné une dissertation à faire dont le sujet, ne l'inspirai guère : « le caractère d'une personne dépends-t-elle de son physique. Répondez en prenant votre cas personnel pour exemple. ».

* Je ne vois vraiment pas quoi répondre, je ne me vois pas expliquer que même si je peux me transformer à volonté ma personnalité ne change pas. Que le fait d'être née modificatrice m'a permis de mûrir, que j'ai dû faire face à des situations plutôt cocasses qui ont fait que certaines facettes ont été modifiées, crée, ou effacée de ma dite personnalité. Et pourtant dans le fond je ne change pas, je suis toujours Gabrielle. C'est-à-dire un ensemble de paradoxe qui tentent de cohabiter, pas au point d'être schizophrène, mais presque. Perfectionniste et bordélique, travailleuse mais paresseuse, douce et gentille mais froide et distante, le feu et l'eau, à la fois la belle et la bête, le yin et le yang. Certes mon caractère est aussi changeant que la couleur de la mer, mais ce n'est pas lié au physique. Cela ne se peut pas, il ne le faut surtout pas... Puisque cela signifierait que je ne suis personne, juste de la glaise qui réagit à la forme qu'on lui donne. Donc non mon caractère n'est pas lié à mon physique, mais en même temps si puisqu'il se modifie au fil du temps comme le dit physique, mais ils ne sont pas dépendant l'un de l'autre. Mais je ne vois pas comment écrire ça dans une dissertation. Je pourrais juste écrire que je suis une fille à l'esprit aussi embrouillé que ses cheveux par un jour de vent, mais qu'à la différence de ma chevelure mon esprit ne se démêle pas avec un peigne.*

Elle croisa les bras et dit d'un air boudeur : « Pourquoi le sujet ne porte-t-il pas sur notre loisir préféré !!! J'aurai pu écrire un livre entier sur la photographie !!! Pourquoi je me suis inscrite à ces stupides cours !! »

*Pour prouver que je ne suis pas une ratée, et que je peux faire autre chose que servir des cafés à une bande d'étudiants prétentieux. Ils n'avaient peut-être pas tort après tout...*

Perdue dans des pensées plus pessimistes les unes que les autres, notre jeune amie froissait une nouvelle feuille et l'envoya direct dans la corbeille, enfin presque, car la sournoise boule de papier rebondi et roula sous le bureau, même ça elle n'était pas capable de le faire du premier coup, certains jours il vaudrait mieux restez coucher. A croire que le physique et l'état d'esprit s'accordent ! Car notre brune demoiselle broyait en ce moment du noir. Car même si elle peut modifier à volonté son physique, elle n'en use pas à des fins d'embellissements personnels. Car ce qui lui fait vraiment peur dans les transformations, ce n'est pas la métamorphose en elle-même, à vrai dire Gabrielle trouve ça pas mal voir cool, même si les débuts furent plutôt dur. C'est qu'elle a peur de ne plus être elle-même ensuite, « est ce vraiment mon visage ? Suis- je toujours la même ? » Elle a peur qu'un jour en se regardant dans le miroir elle ne se reconnaisse plus. Pour ça elle se prend sans cesse en photo, afin de ne pas oublier son vrai « moi ». Pour être sûr que cela n'arrive pas elle a plusieurs objets contenant son ADN d'avant sa première transformation, par exemple une mèche de cheveux coupé alors qu'elle était petite, sa première dent de lait tombée, bizarre me direz vous et pourtant ce sont ses plus précieux trésors. De plus, elle n’est pas ce qu’on appelle un laideron, loin delà.Détaillons la du regard...Dans l'ensemble, Gabrielle est plutôt satisfaite de ce que la nature lui a donné. C'est une fille simple, naturelle, qui ne se préoccupe pas de ce que peuvent penser les gens. Elle est bien dans ses baskets et compte bien le rester. Néanmoins, il est très agréable de la regarder et ceux sous tous les angles. La jeune femme mesure environ 1metre 70, élancée, svelte avec juste ce qu'il faut là où il faut. Son visage a fait chavirer plus d'un cœur, avec ses traits fin et réguliers. Gabrielle possède de magnifique yeux bleus, aux couleurs de l'océan, brillants, charmeur avec toujours une petite flamme taquine, espiègle, mais ils peuvent aussi prendre une teinte métallique tirent sur le gris lorsqu'elle se met en colère la petite flamme se transforme alors en brasier. Des yeux revolvers ... Un sourire craquant, à la fois rieur, mutin et charmeur ou boudeur, rien de tel pour vous faire fondre. Ce visage est encadrée d'une chevelure noire d'ébène, aussi si sombre et profonde que la nuit, douce, brillante qui lui retombe en cascade jusqu'au bas des reins.
Petit détail, elle est hématophobe, à la vue de la moindre goutte de sang ses réactions peuvent être disproportionnées.

Les rayons du soleil mourant illuminaient la savane australienne. Tout était paisible, la nature se préparait pour le dernier acte de la journée, certains acteurs et musiciens répétaient une dernière fois ou harmonisaient leurs accords, en effet le micro cosmos des insectes prenait la pleine possession des lieux pour être fin prêt lorsque la noirceur de la nuit et l'éclat des étoiles annoncerait le début du bal. Si calme et si tranquille que même les plus bondissants des marsupiaux australs ralentissaient leurs courses pour goûter à a sérénité du paysage. C'était ce moment précis, qu'attendait depuis plusieurs heures, tapie dans l'ombre, quasiment invisible depuis son affût, le plus terrible des prédateurs : le photographe animalier amateur : j'ai nommé Gabrielle Erin Grimwald.

L'endroit qu'elle avait choisi, était parfait, situer près d'un point d'eau, les animaux y affluaient au crépuscule, caché dans les taillis, nul ne pouvait la voir ou la sentir hormis quelques voraces moustiques. C'est grâce à des moments pareils lorsque les rouages de l'univers parviennent à s'accorder, que l'on peut immortaliser l'éphémèrité d'une seconde pour l'éternité. Immortaliser sans pour autant figer l'animal est le principe d'une bonne photo animalière, saisir la beauté de la vie dans son milieu naturel, faire en sorte que le modèle ne soit pas seulement un sujet, mais l'acteur. La photo doit donner l'impression que le modèle pourrait, s'il le voulait, sortir du papier glacé. De plus le photographe ne doit pas seulement maîtriser les techniques de photo, mais il se doit de connaître l'animal pris pour cible sur le bout des doigts, son habitat, ses habitudes etc. ....pour que la photo soit réussie. Voilà ce que tachait d'accomplir la frêle demoiselle.

*Allons approche mon grand, un tout petit peu plus près. La lumière et le cadrage seront parfaits. Rien qu'une dernière. Et après, je vous laisse tranquille et pour un petit moment je crois. Arf, maudite grippe, quand Maman va me voir dans cet état, je ne pourrais sans doute pas sortir de la maison avant longtemps.*
En effet, la jeune fille avait de terribles maux de tête depuis le matin, accompagné de crampe d'estomac et de fièvre. Aucun doute 17 ans ou non, sa mère allait lui passer un sacré savon pour être partie en vadrouille, seule, dans cet état ! Seule car elle ne pouvait pas faire autrement, mais sa mère ne semblait pas le comprendre.

Dans la petite ville de Pannawonica situé à environ 200 km au sud est de Karratha, les commérages allaient bon train sur la famille Grimwald. Il faut dire que même en 2070, en un lieu où les moeurs n'ont pas évolué depuis la fin du 19eme siècle et la technologie avait eu grand mal à s'implanter. Alors, imaginer une jeune femme élevant seule sa fille, venir s'installer ici en tant que vétérinaire. Si elles étaient venues de la ville pour s'enterrer ici, c'est qu'il y avait quelque chose de louche dans le passé d'Eléanore Grimwald. Et même 15 ans plus tard les rumeurs n'avaient fait qu'enflées. C'est dans cette drôle d'ambiance que la petite Gabrielle a grandi. Une enfant solitaire, les autres ne voulant pas d'elle a leur côté. Non qu'elle fût d'une nature mauvaise, c'était plutôt l'inverse. Mais les enfants prenaient exemple sur leurs parents, qui rejetaient la mère, eux faisaient de même avec la fille. Au fil du temps la situation ne s'était pas vraiment améliorée, au contraire, les rumeurs des plus improbables, aux plus ridicules circulaient toujours. Si sur sa mère, elles avaient autant d'effet que l'eau sur les plumes d'un canard, quand on a du sang anglais qui circule dans ses veines autant dire que le flegme coule à ses côtés, cela exaspérait au plus haut point Gabrielle, le sang-froid n'étant pas le point fort des jeunes.

Enfant, au caractère rêveur, calme et serein, elle n'avait jamais répondu aux provocations, elle avait cherché à s'intégrer comme le lui conseillait sa maman, mais on la repoussait sans cesse, pire les autres la persécutait, mais elle ne s'est jamais plainte, pensant que tout était de sa faute. Adolescente, ne supportant plus les brimades, les insultes, les ragots, insultes voir les agressions, la douce Gabrielle s'était pour la première fois et avait laissé libre cours à sa rage. Se fut la seule et unique fois, certes l'atmosphère était encore plus tendue, mais au moins on la laissait tranquille maintenant. Mais son comportement avait vraiment affecté sa mère, qui avait été convoqué par le principal, car sa fille de 12 ans avait littéralement déclenché une émeute dans la cour de récréation. Eléanore se doutait bien que les faits présentés ne retranscrivaient pas l'exacte vérité et que le principal était adepte des hyperboles. Mais savoir que son enfant avait participé, ou plutôt était l'initiatrice de cette rixe, elle qui était une fille modèle, lui brisait le coeur. Si elles étaient venues s'installer dans ce trou perdu, ce n'était uniquement pour le travail d'Eléanore, mais bien pour s'éloigner le plus possible de la violence qui règne dans les grandes, elle souhaitait un endroit meilleur pour élever sa fille.
Gabrielle honteuse et soucieuse de ne plus faire de peine à sa mère n'avait jamais recommencé et s'était promis que la colère ne régirait pas sa vie. Elle devrait prendre exemple sur celle qui était le centre de son univers, celle qui ne laissait jamais les sentiments les plus haïssables de l'homme, prendre le pas dans sa vie. Depuis ce jour Gabrielle s'était réfugiée volontairement, cette fois, dans la solitude, d'ailleurs pour exercer la photographie cette condition était plus qu'appréciable.

Bref revenons à nos kangourous...
La photographe veillait à ne pas bouger, premièrement pour ne pas se faire repérer par les marsupiaux, deuxièmement pour éviter que les photos soient floues, ne possédant de trépied, elle avait donc les genoux à même le sol. Cela faisait si longtemps qu'elle était dans cette position, qu'elle ressentait toutes les aspérités de la terre. Cela faisait si longtemps qu'elle était dans cette position, qu'elle avait l'impression de prendre racine.

*Gabrielle, la dryade des sous bois de Pannawonica * pensa-t-elle, ce qui la fit rire intérieurement.

Elle voulait se déplacer un peu sa jambe droite pour avoir un meilleur appui. Mais bizarrement sa jambe ne répondait pas. Elle daigna détourner les yeux de son précieux appareil pour s'apercevoir que ... que ... ses genoux, mollets et pieds avaient disparu, ou plutôt ils devaient se trouver sous l'écorce !!! Elle était réellement une dryade !!! Impossible !!! Elle n'arrivait plus à respirer, elle voulait hurler, mais sa gorge était noué par la terreur et assistait impuissante a CA !! Tout son corps se couvrait d'écorce, de fine branches et de feuilles elle était pareille à l'eucalyptus qui se dressait juste derrière elle. Ses articulations craquaient, Gabrielle sentait toutes les cellules de son être se durcir pour devenir bois, elle parvenait même à sentir la sève couler dans ces artères. Elle s'éloignait du sol, tout en s'y enfonçant profondément. Un cri s'élevât quelque part à proximité, quelqu'un l'avait vu. Qui n'aurait pas eu peur en voyant pousser un arbre à vitesse grand V et qui plus est cet arbre avait un buste et un visage humain, certes couvert d'écorce mais parfaitement reconnaissable : la maudite fille Grimwald.

Gabrielle, par contre ne savait qui était cette personne, elle ne voyait que les kangourous fuir. Elle était dans un état second et à ce moment ce qui la préoccupait le plus ce n'était pas : comment redevenir normale mais l'état de son appareil photo, il était accroché par la bandoulière à ce qu'elle appelait autrefois son cou. Le flot de ses pensées se faisait lent, elle se sentait partir et ne pouvait rien faire. Ce cri la sortie de sa léthargie. Cela lui permit aussi de redevenir elle-même. Si la transformation lui avait semblé interminable, le retour à la normale ne pris que quelque seconde. Enfoncée dans le sol jusqu'aux genoux elle était prise de vertige, en se dégageant elle vérifiait que tout était en ordre, plu la moindres parcelle d'écorce et pas une seule trace de rayure sur son précieux objectif. Il n'en allait pas de même pour ses vêtements, tous en pièces. Elle attendit donc que la nuit tombe, pour regagner la ville, enroulée dans la toile de son affût. Elle se glissa par la porte de derrière et grimpa à pas de loup jusqu'à sa chambre, pour se changer et ranger son matériel, elle se débarrasserait de ses haillons plus tard.

Une fois propre comme un sou neuf et surtout débarrassé de cette horrible odeur de sève. Gabrielle descendit voir ce que faisait sa mère, car contrairement à son habitude, elle n'était pas venue la sermonnée sur l'heure à laquelle elle était rentrée.
Etrange, tout était éteint au rez-de-chaussée. Le salon était seulement éclairé par la pleine lune, elle y vit la silhouette familière étendue sur le canapé.
*Je vais la réveiller en douceur*
En se penchant en douceur au-dessus d'elle, Gabrielle vit que ses yeux étaient grands ouverts et qu'ils ne reflétaient aucune expression. Effarée, elle appela sa mère, la serait dans ses bras, la suppliait de ne pas la laisser seule, elle n'eut aucune réponse et n'en aurai jamais.

Les souvenirs des deux jours qui suivirent sont flous, incertains, irréels. Sa mère était morte et déjà enterrée, la police avait conclu à un suicide et l'affaire avait été classée. Un suicide, deux balles à bouts portant, un suicide, alors que l'arme avait disparu, une lettre d'adieu qui n'était pas de son écriture, un suicide...
Gabrielle savait que tout était de sa faute, que la personne qui l'avait surpris en train de se changer en arbre, avait dû penser que finalement les rumeurs n'étaient pas infondées et que les Grimwald avaient bien un secret et qu'il fallait s'en débarrasser. Ce monstre était passé à l'acte avec la complicité de tous les habitants de la ville.

Maintenant on voulait qu'elle aille vivre chez des voisins en attendant de trouver une famille d'accueil. Mais il n'en était pas question !!! Elle n'allait pas rester passivement ici en compagnie de ces assassins, à attendre qu'on « l'aide à se suicider». Et puis il y avait cette apparition qui lui avait parlé d'une guerre et de choses que son esprit avait peine à assimiler, lui avait expliqué qu'elle était une modificatrice et qu'elle ne pourrait rien y changer et lui avait confié la tâche de protéger le monde magique.
La seule chose qui était claire dans son esprit était le fait qu'elle devait partir le plus vite possible et faire en sorte qu'on l'oublie. Elle fit ses adieux à sa mère et quitta la ville, au milieu de la nuit avec tout ce qu'elle pouvait porter et qui pouvait lui être utile.
Elle avait bien pensé utiliser cette nouvelle faculté pour se venger, même si elle ne savait pas vraiment comment s'en servir, mais Gabrielle ne tenta rien en souvenir de la vielle promesse qu'elle s'était faite et sa mère n'aurait pas approuvé son geste.
Elle prit donc la route et ses pas l'entraînèrent dans un nouveau monde, une nouvelle vie...

La chaleur écrasait la ville de Sydney, telle une chape de plomb. Même la douce brise du soir venant de l'océan ne parvenait à l'atténuer. Sous le regard bienveillant des étoiles, la nuit étendait son manteau sur la ville. Si l'un de ces astres stellaires avait eu la curiosité de regarder plus en détail cette ville et en particulier le toit du plus haut immeuble, du quartier de Goat Island, il aurait assisté à un étrange spectacle. En effet un faucon crécerelle, sa présence en ses lieu étant elle-même étonnante, semblait avoir un conflit interne, devait-il se poser ou continuer son vol circulaire à la recherche d'une éventuelle proie.

Cet oiseau n'était pas ordinaire, d'ailleurs ce n'était pas vraiment un oiseau. Le rapace se nomme Gabrielle, c'est en réalité une jeune fille âgée de 21 ans. Vous me direz que les humains ne ressemble pas vraiment à des rapaces et vous auriez raison mais Gabrielle n'est pas une simple humaine, c'est une transformer, une modificatrice. Elle peut changer son ADN grâce à ce don ou cette malédiction tout dépend du point de vue. Ainsi elle était l'une des privilégiés qui pouvait goûter au plaisir de voler sans artéfacts, en véritable oiseau, ou en n'importe quelle autre « chose » possédant de l'ADN.

Ce qui pose parfois problème dans ce genre de transformation, c'est qu'il y a un risque de voir son esprit se changer lui aussi. Il n'est ni volontaire ni conscient. Ce risque augmente selon le temps de la transformation. Certes depuis le jour où elle avait découvert ce don, elle avait eu le temps de s'entraîner pour le contrôler et le perfectionner, mais parfois, pendant une métamorphose, l'instinct de l'animal se faisait plus fort surtout si elle était accidentelle... Comme c'était le cas présentement.

Cela arrivait très rarement, mais quand ces « crises » étaient là, plus question de self control, pas question de choisir l'heure, la durée, le lieu ou même l'apparence. Gabrielle avait passé presque 24 heures sous l'apparence d'un faucon. Elle savait quelle en était la cause, un stupide slogan publicitaire vantant les mérites de je ne sais quoi, qui se faisait sentir aussi libre qu'un oiseau. Il n'en avait pas fallut plus pour qu'elle projette cette image dans son esprit, qui avait fait le reste. Et elle savait aussi qu'elle aurait dû stopper la mutation le plus tôt possible, mais la sensation du vent sur les plumes, cette sensation de vitesse et de liberté était si grisante, qu'elle n'avait pas résisté à la tentation. Mais à présent, elle commençait à oublier certaine chose, que faisait-elle au-dessus de la ville ? Où était son nid ? Pourquoi n'avait-elle pas de chaussures ? Et qu'est-ce que c'était des chaussures ?

L'esprit humain est trop vaste, il y a trop de penser qui se bousculent, un humain peut penser à toutes sortes de choses futiles, or un rapace ou n'importe quel autre animal n'a pas ce genre de pensées, il ne répond qu'à ses besoins primaires et ne philosophe pas sur la vie et le pourquoi du comment. Un humain possède un savoir dont l'animal se contre fiche, d'ailleurs parfois, voir souvent, l'homme est dans le même cas, mais il a été forcé de l'apprendre quand même. Oui, car depuis que vous savez que « le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés » votre vie a-t-elle réellement changé ? Donc lorsqu'on se transforme on ne doit pas s'embarrasser de choses inutiles, poubelle l'hypoténuse, les trajectoires se trouvent d'instincts, d'ailleurs l'instinct de l'animal prend le pas sur nous-même, les seules choses à retenir sont : notre nom, ce que nous sommes réellement, comment redevenir nous-même, la raison de cette transformation et enfin la plus essentielle ne pas se retransformer n'importe où : de un ça peut affoler les gens qui se trouvent autour et de deux nos vêtements et autres accessoires sont rester sur le lieu de départ, ou en lambeau, prévoir un coin tranquille ou ne pas être pudique. Il y a des légende qui circulent parmi les modificateurs, certains auraient oublié qui ils étaient et ce seraient retrouvés piéger dans leurs corps d'emprunts. Bref .... En ce moment je vous laisse imaginer dans quelle mélasse était empêtré Gabrielle... le ciel si vaste l'appelait pourtant une pensée l'aimantait vers le sol :

* Je suis Gabrielle ...Gabrielle oui c'est mon nom....*

Au prix d'un effort considérable et d'un atterrissage catastrophique sur le toit, elle redevint enfin elle-même. Nue comme un ver, elle gisait par terre sans plus de volonté, le seul point positif était que l'endroit fut désert.

* Je n'arriverais jamais à m'habituer à ça, je vais encore avoir mal partout pendant au moins trois jours. Dire que je devrais encore me métamorphoser, pour rentrer* Soupirs *Mais dans cinq minutes, le temps de récupérer un peu*

Après une aussi longue transformation, son esprit était toujours embrumer, devait-elle marcher ou sautiller jusqu'au mur, finalement elle décidât de ne pas bouger et d'attendre la nuit noire avant de rentrer chez elle. Ainsi elle put faire le bilan entre aujourd'hui et sa première transformation.

*Déjà quatre années se sont écoulées depuis la première, il s'est passé tellement de choses depuis ce jour, rien n'est plus pareil, depuis que Maman est partie. Ils ont voulu me mettre dans un foyer, mais c'était hors de question, pour rien au monde je ne laisserais un étranger me dire quoi faire.
J'ai pris tout ce que je pouvais porter et j'ai erré pendant presque un an avant de venir m'installer définitivement à Sydney. Ce don m'a été des plus utile même si parfois il m'arrive encore de me transformer sans le vouloir, je me maîtrise mieux. Maintenant je peux faire toutes les photos animalières que je veux et dans les conditions que je veux, vu que je suis le modèle, les vendre ne suffit pas à me faire vivre, mais grâce à ça les fins de mois sont beaucoup moins dures. Je suis serveuse dans un café près de l'université, celle où je voulais étudier la photo et le journalisme, mais sans diplôme et sans argent je ne peux pas prétendre m'inscrire. De toute façon je ne pourrai pas être assidue, entre le travail au café et mes différentes missions.
La première de ces missions m'a été confié par un être étrange, d'ailleurs je reste sceptique, était-ce seulement un rêve ou une hallucination ? Quoi qu'il en soit il ou elle, voulait que je protège le monde magique, il disait que je faisais partie des élus, que j'étais née pour être gardienne et protectrice. Encore aujourd'hui je me demande ce qu'il entendait par la... car il a disparu sans me donner d'autres explications.
J'essaye d'aider mon prochain avec les moyens dont je dispose. Beaucoup de modificateurs se vantent de leurs exploits, ils se transforment en bête féroce et affronte moult danger pour sauver la veuve et accessoirement l'orphelin.
Mon palmarès est pitoyable, pour l'instant mes seuls faits notoire sont : sous les traits d'un chien avoir redonné le sourire aux enfants de l'orphelinat voisin en faisant des pitreries et en jouant avec eux, chaque jour depuis mon arrivée à Sydney et avoir sauvé une dame âgée des flammes d'un incendie.
Ma seconde mission a été fixée par moi-même, aider les modificateurs à s'insérer dans la société. Vous me direz à quoi ça peut servir ? Eh bien, à beaucoup de choses, les aider dans les différentes phases de l'acceptation de leur don, leur trouver un endroit ou dormir, un travail et leur donner différentes astuces pour gagner de l'argent facilement quand on a la possibilité de modifier son ADN, parfois leur donner une nouvelle identité. Là aussi le succès n'est pas fulgurant, mais je suis quand même contente quand je peux aider l'un des notre. Même si parfois il faut mettre certains principes de côté.*

Oui aussi douce, gentille et généreuse, que peut l'être Gabrielle, elle trempe parfois dans des affaires louches, si vous voyez ce que je veux dire ? Non, eh bien vous le saurez bien assez tôt, rien de bien méchant, mais pas pour autant très reluisant.
« Bon je vais devoir trouver une bonne excuse pour mon absence d'aujourd'hui» , aller on rentre à la maison, dit elle en se relevant, toujours un peu chancelante, le mal de terre sans doute. Et d'une voix qu'elle aurait voulu forte et décidé :
« Promis la prochaine fois, je me contrôlerais, je ne laisserais pas la mutation prendre le pas sur ma volonté ! Pas question de laisser ma vie entre les mains de ces montées d'adrénaline !»
Gabrielle savait qu'elle ne pourrait pas tenir cette promesse, l'adrénaline provoquer par les transformations étaient une véritable drogue et les mutations involontaires étaient celle qui lui en procurait le plus ...

Oui les étoiles auraient assisté à un bien étrange spectacle, un faucon qui atterrit en jeune fille et qui redécolle en chauve souris, mais ces nobles astres avaient leurs regards tournés ailleurs et nul ne saurait rien des évènements sauf vous et moi bien sûr.