« le recommencement, une existence immortelle . »
Lumière, tout autour d'elle n'avait été qu'obscurité et vide pendant tellement longtemps, bien plus longtemps que sa vie de fille de marchands avait durée en sa totalité.
Maintenant tant de lumière l'entourait, la berçait et l'éblouissait.
Mànùeyla se frotta les yeux, ne comprenant pas se qu'il lui arrivait, elle se rappelait ce matin fatidique ou la corde avait été passé autour de son cou fin.
Elle se rappelait parfaitement de son sentiment de plaisir au souvenir du meurtre qu'elle avait commit, elle voyait encore le regard de celles qui avaient partagées son cauchemar.
Oui, elle avait été pendue le 19 juin 1870, le lendemain de son vingtième anniversaire.
Pourtant rien dans ce qui l'entourait ne lui rappelait ce qu'elle avait connu; la mort avait été dénué de tout, la mort avait été vide et paisible.
Autour d'elle les maisons était immenses et dans les rues le silence était presque total, il faisait nuit pourtant la lumière grésillante d'un lampadaire suffisait à l'éblouir. Elle regarda autour d'elle surprise, puis se décider à se lever.
Ses jambes étaient étrangement robuste pour celle d'un cadavre, elle marcha sans difficulté.
D'ailleurs la faim ou la soif n'était que le cadet de ses soucis, bien que sa gorge lui semblait extrêmement sèche.
Avançant dans les rues sombres, observant les voitures surprises car elles ne ressemblaient en rien à ce qu'elle avait vu auparavant. Elle avançait et tout était nouveau, l'endroit lui même ne lui était pas familier et la jeune femme se demanda bien où elle pouvait bien se trouver.
Attiré par la lumière et le bruit elle entra dans un bar, avançant aux milieux de personnes vêtus de façon étrange et qui la reluquait sans la moindre retenue.
Certes elle était pâle, mais sa beauté n'avait été en rien amoindrit, sa robe d'époque noir semblait cependant décaler avec les vêtements des autres personnes présentes.
L'endroit empestait l'alcool, la cigarette et la transpiration, mais elle préféra s'assoir à une table dans un coin. Ne sachant pas où se rendre de toute façon.
Une jeune femme s'approcha d'elle, elle portait une jupe dont la taille lui sembla immoralement courte et ses cheveux étaient d'un blond étonnant, presque blanc.
Serveuse: Vous voulez quoi? demanda t-elle en mastiquant fortement un chewing-gum.
Mànùeyla: Excusez-moi? questionna t-elle surprise.
Serveuse: Qu'est-ce que je vous sers.
Mànùeyla: Serait-il possible d'avoir un verre d'eau? dit-elle après avoir hésité quelques secondes.
Serveuse: Une eau gazeuse dans ce cas. J'vais vous chercher ça de suite.
Mànùeyla: Mer... merci.
Décidément tout lui semblait étrange ici, mais au moins elle pourrait se désaltérer.
Un homme spécialement attira son attention, puisqu'il l'observait avec insistance tout en riant bruyamment avec ses amis. C'était un gros chauve avec des dessins sur les bras et l'air d'avoir consommé nettement trop d'alcool.
Mais c'était le cadet de ses soucis et elle était elle-même plus intrigué par les objets étrange que l'on trouvait dans cette pièce que par le soulard lui-même.
La serveuse blonde revint et déposa sur sa table le verre «d'eau gazeuse», puis s'éloigna avec un grognement dédaigneux à l'intention de la belle brune.
Mànùeyla posa les lèvres a son verre et avala une gorgée du liquide qui avait tout sauf le goût de l'eau qu'elle avait connue, celle-ci lui piquait étrangement le palet.
Elle repoussa le verre avec une grimace surprise et se retourna violemment alors qu'un bruit de chaise se fit entendre à côté d'elle.
Le gros homme venait de s'écraser sur la chaise libre à côté d'elle et lui adressait un sourire édenté particulièrement repoussant.
Mànùeyla l'observa quelques secondes avec dégout, autrefois elle avait connut de nombreux hommes comme lui; à cette époque cependant elle était la propriété d'un Italien et celui-ci n'avait jamais été partageur. Il s'arrangeait habituellement pour que ceux qui se faisait trop insistants disparaissent discrètement, soit en les payant, soit en utilisant une méthode nettement moins agréable.
Il était mort à présent, de ses mains fines et délicates qui ne pouvaient être soupçonnées d'aucun crime tant elles était blanche et semblaient fragile.
Elle même se trouvait être très fragile à cet instant, puisqu'elle ne comprenait rien à ce qu'il lui arrivait, elle vivait à nouveau sans en comprendre la raison et à vrai dire elle n'avait pas réellement désirée cette vie. Elle avait accomplit sa destinée, celle de tuer un monstre et il semblait qu'à présent on en attendait plus d'elle; mais quoi et pourquoi tout cela restait un mystère hors de porté.
Tournant à nouveau ses yeux d'un bleu profond sur l'homme elle ne put retenir un frisson, il représentait tout ce qui l'écœurait et alors qu'elle venait à peine de retrouver la lumière elle se découvrait à nouveau l'envie de détruire.
Peut-être était-ce pour cela qu'elle était revenue sur terre? Tuer à la force insignifiante de son corps fragile ceux qui ne méritait en aucun cas la vie et qui réduisait celle des autres à un sombre cauchemar. Peu à peu elle se disait que cette hypothèse était probable.
Ivrogne: T'es bien jolie ma mignonne.
Mànùeyla: On me la souvent dit, merci quand même.
Ivrogne: J'aime ça une femme qui ne fait pas semblant d'être modeste.
Mànùeyla: Vous m'en voyez ravie, et bien bonne soirée à vous.
Elle se leva et décida de partir, ne payant pas son verre d'eau, ce qui sembla échapper à la surveillance de la serveuse occupé à batifoler avec un motard.
La belle brune sortie dans la rue, sans savoir où se rendre et en réalité cela ne semblait pas avoir d'importance; elle s'était trouvé un but et de plus elle n'avait confiance qu'en elle même alors que tout autour d'elle était changé et que les courtisanes qu'elle avait connue n'étaient surement plus en vie.
Une main se posa brusquement sur son épaule alors qu'elle tournait au coin de la rue et elle n'eut pas besoin de se retourner pour reconnaître l'haleine chargé de celui qui la retenait avec force.
L'ivrogne du bar la regardait avec un sourire qu'elle n'aurait pu décrire et derrière lui se trouvait son compagnon de buvette apparemment tout aussi sous le charme de la belle jeune femme.
Il la poussa contre un mur avec violence et elle ne tenta que faiblement de se libérer, trop surprise de s'être fait ainsi traitée. En réalité elle ne voyait pas bien comment se défendre face à ces deux brutes et elle sentait déjà ses jambes s'aider sous son poids à l'idée d'un nouveau viol.
Ivrogne: Pourquoi t'es partie comme ça? J'suis pas a ton goût ou quoi?
Mànùeyla: En réalité non pas du tout.
Ivrogne: Et bien tu me plait bien et le reste n'est qu'un détail, hein Frank?
Frank: Ouais Devis t'as raison, elle va pas s'effaroucher parce qu'elle trouve que t'as une sale gueule.
Devis: Mais non t'inquiète pas, tu sais que je suis partageur avec toi vieux frère.
Frank: C'est pour ça que t'es mon pote.
Mànùeyla: Lâche moi sale porc.
Frank: Elle t'as insulté la garce.
Devis: T'inquiète pas j'vais lui apprendre les bonnes manières avant de m'amuser un peu.
Devis qui souriait à présent très nettement ne put retenir des gloussements de contentement,
il avait à sa merci une proie de choix et il ne contait pas la laisser filer sans avoir profité de ce cadeau. Il dut cependant répondre aux attentes de son camarade avant toute chose et son poing musclé, bien qu'il fut ramollie par l'alcool s'écrasa avec violence sur la joue de la ressuscitée.
Celle-ci poussa un faible gémissement alors que son calvaire reprenait forme sous ses yeux, après tout elle n'était sans doute revenue que pour souffrir d'avantage, car son corps était aussi faible qu'au paravent et elle ne pouvait rien contre ces brutes.
Le gros porc commença à arracher sa robe et alors que celle-ci commençait à lâcher prise et dévoiler le corps superbe de Mànùeyla la jeune femme se fermait mentalement à tout ce qui allait lui arriver.
Devenant aussi rigide qu'un pantin, son regard éteint surpris quelque peu le Devis, qui finalement ne trouva que plus pratique ce soudain calme. Les choses seraient plus facile et il n'attirerait même pas l'attention.
L'erreur qu'il commit quelques minutes plus tard fut minime, il caressa les cheveux de la brune et ce geste raviva des souvenirs douloureux chez celle-ci. Alors que les larmes montaient à ses yeux l'ivrogne tomba à genoux en se tenant la tête entre les mains. Poussant des gémissements terrifiants alors que son ami se jetait déjà sur le brunette, lui hurlant d'arrêter ses conneries.
Elle n'y comprenait rien, mais à peine Frank posa t-il les mains sur elle qu'il se retrouva dans le même état que Devis.
Peut-être que finalement Mànùeyla aussi avait changé et qu'elle n'était plus aussi inoffensive qu'elle avait pu l'être; cela aurait des répercutions sur sa façon d'être mais dans tout les cas elle comptait bien exploiter ce talent qu'à l'époque elle ne comprenait pas encore.
U.C